Historique

Avant même le christianisme, les grecs et les romains croyaient non seulement à la survie des morts dans l’au-delà, mais également à leur influence sur les personnes. « Un homme malade qui dépérit est quelqu’un sur lequel un esprit démoniaque a jeté son regard » (Homère) « Les démons sont les esprits des hommes mauvais (Flavius Josèphe). Plutarque avait bien compris : « certains démons tyrannisent pour leur plaisir certaines âmes encore incarnées ; étant incapables de satisfaire leurs passions…, ils incitent à la sédition, à la luxure, à la soif des conquêtes, et obtiennent ce qu’ils désirent. ».

Le christianisme attribuait à des « démons » certains troubles. Les évangiles parlent de démons à une trentaine de reprises. « Jésus … prêchait dans leurs synagogues et chassait les démons » (Marc 1, 39). « Jésus ordonnait à l’esprit impur de sortir de cet homme… les démons sortirent de l’homme » (Luc 8, 27-33). « Jésus… menaçât l’esprit impur : « esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus ! » Avec des cris et de violentes convulsions, l’esprit sortit. » (Marc 9, 17-27) ; « Ayant fait venir ses douze disciples, Jésus leur donna autorité sur les esprits impurs, pour qu’ils les chassent… » (Matthieu 10, 1).

Aujourd’hui l’exorcisme est pratiqué couramment par les prêtres orthodoxes, tandis que l’Eglise catholique, bien que nous enseignant l’existence de l’âme et la vie après la mort, en parle peu et ne donne plus au phénomène des possessions l’importance qu’il mérite. Les prêtres ne reçoivent plus tous les niveaux de prêtrise, et ne sont plus formés à la pratique de l’exorcisme.

En Chine, où le culte des ancêtres remonte à plus de dix mille ans, ces esprits influents étaient considérés comme étant des ancêtres mal intentionnés envers leurs descendants pour des raisons diverses. En effet, les ascendants peuvent revenir et se fâcher si les descendants ne sont pas restés en bons termes avec eux.

Au Japon, les ancêtres sont vénérés. Les japonais croient aux esprits liés à la terre. Pour le culte de Mahikari, comptant des centaines de milliers d’adeptes, les esprits possessifs seraient responsables de la plupart des maux physiques et mentaux affectant les humains. L'exorcisme s’y pratique très fréquemment.

Dans l’Egypte ancienne, on croyait également que les vivants étaient affectés par les morts, surtout par ceux qui n’auraient pas été bien traités lors de leur mort. Leurs tombes témoignent de leur conviction que la vie continue après la mort, et les corps étaient embaumés de telle sorte que parfois, les âmes restaient comme captées et ne faisaient pas leur transition, ce qui n’était probablement pas leur objectif. Les égyptiens pensaient également que l’âme, une fois sortie du corps, n’ayant plus l’enveloppe lui permettant de contrôler ses impulsions, développe ses défauts et qualités de manière incontrôlée.

En Afrique sub-saharienne, avant toute influence islamique ou chrétienne, les croyances impliquaient d’innombrables forces invisibles, constituées notamment par les âmes des ancêtres morts et par les génies de la nature. Selon Jean Bruyas, dans son livre sur les sociétés traditionnelles de l’Afrique noire, la conviction est que les morts vivent leur propre existence. Une des préoccupations majeures des hommes est donc d’attirer la bienveillance de ces esprits, d’obtenir leur protection et d’écarter leur courroux. Cela implique aujourd’hui encore de nombreux rituels, cérémonies, offrandes de diverses natures, sacrifices ou tout simplement pratiques quotidiennes. Dans toutes les sociétés africaines, les liens entre les vivants et les morts sont très forts. Les ancêtres représentent le lien le plus immédiat entre les vivants et le monde spirituel, ils sont en mesure de garantir la prospérité, la santé et la fécondité de leurs descendants. Les esprits d’origine non humaine sont souvent en rapport avec des lieux naturels. Les esprits de la nature n’ont pas une personnalité bien définie. Ils sont les gardiens du territoire sur lequel vit une population donnée et avec laquelle ils établissent des relations sociales complexes.

En Inde, de tous les temps, la vie après la mort est une réalité avec laquelle les indiens vivent quotidiennement. D’après les Védas, la mort n’est qu’un passage par lequel l’être humain se débarrasse du corps physique, l’individu continuant d’exister sur d’autres plans. La réincarnation de l’essence spirituelle d’un corps physique à l’autre, est essentielle pour l’évolution spirituelle, c’est la loi du karma (loi de cause à effet). Ce processus permet de se purifier, de s’améliorer spirituellement au cours de ses vies successives, afin de parvenir aux plans supérieurs.

A ce point, il est important de noter que si une âme demeure obsédée par des pulsions ou désirs terrestres, elle demeure piégée dans les vibrations du monde terrestre, du bas astral, où elle tente de satisfaire ses désirs charnels. (Aujourd’hui, Il peut s’agir de la boisson, du sexe, du pouvoir, de la drogue, etc.). Cette entité ne progresse alors plus spirituellement, elle est incapable de s’élever et ne peut également plus accéder à une prochaine incarnation, elle demeure bloquée. Toujours d’après les Védas, ces êtres désincarnés recherchent une personne terrestre à posséder afin de continuer à profiter, au travers d’elle, d’une forme de vie. Si les protections auriques d’une personne présente des faiblesses, ils peuvent y pénétrer, et cette incorporation (ou possession) est toujours d’influence négative. A quelques différences près, les tibétains bouddhistes croient également en la réincarnation. Cependant, pour eux, il semble qu’un humain n’ait pas seulement une âme, mais plusieurs parties d’âme.

En Europe, au XIXème siècle, les mouvements théosophiques (de Madame Blavatsky) et spiritistes (d’Allan Kardec) étaient certains que la vie ne s’arrêtait pas après la mort. L’influence d’Allan Kardec a été très importante pour la formation d’exorcistes, surtout en Amérique du Sud, mais également en Europe.

On ne peut effectivement pas parler d’esprits sans mentionner Allan Kardec (1804-1869) et l’immense impact de ses recherches sur les esprits sur son époque, et sur la nôtre. Kardec appelle « obsession » ce que d’autres appellent « possession » ; c’est à dire une personne portant sur elle un esprit ou une âme, et en subissant les conséquences. Voici quelques extraits :
« L'obsession est l'action persistante qu'un mauvais Esprit exerce sur un individu. Elle présente des caractères très différents, depuis la simple influence morale, sans signe extérieur sensible, jusqu'au trouble complet de l'organisme et même des facultés mentales. L'obsession est presque toujours le fait d'une vengeance exercée par un Esprit, et qui, le plus souvent, a sa source dans les rapports que l'obsédé a eus avec lui dans une précédente existence…
… pour assurer la délivrance, il faut amener l'Esprit pervers, à renoncer à ses mauvais desseins ; il faut faire naître en lui le repentir et le désir du Bien, à l'aide d'instructions habilement dirigées, dans des évocations particulières faites en vue de son éducation morale… alors, on peut avoir la double satisfaction de délivrer un incarné et de convertir un Esprit imparfait. La tâche est rendue plus difficile quand la personne obsédée séduite par l'Esprit trompeur, se fait illusion sur les qualités de celui qui la domine et se complaît dans l'erreur où ce dernier le plonge ; car alors, loin de seconder, il repousse toute assistance. C'est le cas de la fascination, toujours infiniment plus rebelle que la subjugation la plus violente…La tâche est rendue plus facile quand l'obsédé, comprenant sa situation, apporte son concours de volonté et de prière… Dans tous les cas d'obsession, la prière est le plus puissant auxiliaire pour agir contre l'Esprit obsesseur… »

Carl Wickland, psychiatre américain (1861-1945), avec sa femme, médium, est parmi les premiers chez nous à avoir courageusement aidé des milliers de « malades psychiatriques » et à en avoir témoigné dans son livre « Trente ans parmi les morts », dès 1924.

Les traditions chamaniques basent leurs savoirs et guérisons sur l’existence d’esprits de tous genres, avec lesquels ils se mettent en relation et effectuent des rituels très efficaces, dont les exorcismes, et autres extractions, ainsi que des recouvrements d’âmes. Les chamans de Sibérie et amérindiens sont les plus connus. Actuellement les techniques de guérison chamaniques se développent un peu partout dans le monde occidental.

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